Un flûtiste et un poète réinventent le chef d’œuvre de Gustav Mahler, en compagnie d’une soprano, de musiciens traditionnels asiatiques, d’un chœur d’enfants…
Parfois, la terre console. En 1907, au moment où il traversait de terribles épreuves (la mort de sa fille Maria, son éviction de l’opéra de Vienne et le diagnostic d’une maladie cardiaque…), Gustav Mahler a trouvé refuge dans une anthologie de poèmes chinois, notamment de Li Bai, qui vantaient la beauté de la nature. Au bord du lac de Dobbiaco, petite ville du nord-est de l’Italie surplombée par les parois à pic des Dolomites, il s’en est inspiré pour écrire son Lied von der Erde, suite de six Lieder où s’entrechoquent la nostalgie et l’ivresse, la révolte et les regrets, l’admiration du vivant et la prémonition de sa disparition.
Parfois, la terre souffre. Plus d’un siècle plus tard, deux artistes réadaptent ce Chant de la Terre. Le premier est le flûtiste et compositeur Jocelyn Mienniel, électron libre de la nouvelle scène jazz, issu du Conservatoire Supérieur de Musique de Paris avec un Premier Prix, vivement intéressé par les musiques asiatiques, comme l’avait révélé son spectacle d’entrée en résidence à Royaumont, Circles (variations sur cinq tableaux de Fabienne Verdier). Le second, Olivier Cadiot, est l’un des plus grands poètes français contemporains. Par-delà la traduction de poésie, qui l’avait tant occupé lors de son long séjour à l’abbaye dans les années 80, il propose une réflexion personnelle sur les sources d’inspiration du compositeur viennois. Ce nouveau texte, Pour Mahler, paraît aux éditions P.O.L. en septembre.
L’œuvre qui naît de leur rencontre entrelace donc poèmes et chants. Autour d’eux se pressent une soprano très expressive, un joueur de sheng (l’orgue à bouche chinois) et une joueuse de « yangqin (la cithare à cordes frappées), un quatuor à cordes et un chœur de 50 enfants. Le spectacle est chansigné : un interprète traduit les paroles en langue des signes. Donnée à l’abbaye à l’heure où se concluent les Jeux Paralympiques de Paris 2024, porteuse comme eux de valeurs aussi capitales que le partage et l’égalité, cette relecture du chef d’œuvre testamentaire de Mahler l’ancre dans le temps présent.
Le lien si fragile qui unit l’homme au reste du vivant, son regard sur les paysages qu’il a connus et qui disparaissent du fait du changement climatique, ainsi que l’espoir fou d’une réconciliation avec son environnement, tout cela résonne encore dans le poignant thème de l’Adieu, sommet de lyrisme contemplatif qui s’achève par le célèbre « La terre bien-aimée / Refleurit au printemps et reverdit / Partout et toujours une lumière bleutée à l’horizon / Toujours, toujours, toujours… »
Samedi 7 septembre 2024 à 20h00 - Abbaye de Royaumont - à moins d'une heure de Paris - navettes sur réservation
Réservez dès maintenant :
www.royaumont.com/evenement/le-chant-de-la-terre-p…
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